Fabrication et ergonomie
Tout en étant portable, le Steam Deck se présente incontestablement comme un objet imposant. Cette taille, associée à son design brut, a déjà inspiré de nombreuses comparaisons amusées avec des produits datant des années 90, comme l'Atari Lynx ou la Game Gear de Sega. Sans tomber dans des railleries excessives, il faut admettre que la comparaison inévitable avec la Switch OLED n'est guère flatteuse : la console de Nintendo semble minuscule à côté de celle de Valve, malgré une taille d'écran presque identique.
D'un autre côté, il est curieux de constater que lorsqu'il est rangé dans son étui rigide (fourni en standard), le Steam Deck occupe presque autant d'espace qu'une Xbox Series S !
Ces dimensions généreuses ne sont cependant pas sans avantages. Elles permettent une ergonomie qui se veut similaire à celle d'une manette de jeu standard, avec des poignées épaisses qui remplissent bien la paume, ainsi que des sticks et des gâchettes de taille normale. Cependant, la prise en main initiale peut être délicate : les formes de la machine restent assez brutales, ne s'adaptant pas naturellement aux mains, ce qui peut nécessiter un temps d'adaptation. De plus, le poids de l'appareil n'est pas négligeable : bien que ses 670 grammes semblent peu au regard de sa taille, ils se font rapidement sentir sur les doigts. Le plastique basique qui recouvre l'appareil n'est pas particulièrement agréable au toucher et peut devenir glissant si les mains transpirent.
En ce qui concerne les interfaces de contrôle, on ne peut qu'admirer la variété proposée par le Steam Deck : écrans tactiles avec retour haptique, sticks à capteurs capacitifs, gyroscope, boutons dorsaux… Cependant, cette abondance comporte aussi des inconvénients, notamment au niveau de la façade qui paraît un peu surchargée. La proximité entre le stick gauche et la croix directionnelle, par exemple, rend difficile l'utilisation principale de cette dernière sans ressentir de gêne. Les amateurs de jeux de plateformes 2D ou de Tetris pourraient être déçus.
Malgré tout, il faut souligner la qualité d'assemblage excellente du Steam Deck. La course des boutons, un peu longue et molle pour certains goûts, reste néanmoins parfaitement fiable, tout comme les pavés tactiles qui offrent une précision satisfaisante. Bien que les finitions ne soient pas luxueuses et montrent quelques imperfections mineures, la robustesse de la machine inspire confiance.
Écran
Le Steam Deck est doté d'un écran tactile LCD IPS avec une résolution de 1280 x 800 pixels et un taux de rafraîchissement de 60 Hz, sur une diagonale de 7 pouces. Ces spécifications offrent généralement une bonne lisibilité spatiale, bien que cela varie selon les jeux. C'est le compromis inhérent à l'utilisation de jeux PC sur un appareil portable : tous ne sont pas optimisés pour une interface adaptée à un petit écran. Les bordures relativement épaisses de l'écran sont également critiquées, car quelques millimètres de moins auraient amélioré le confort visuel en réduisant la taille totale de l'affichage.
Cependant, le principal reproche adressé à l'écran du Steam Deck concerne sa reproduction des couleurs. Nous avons déjà détaillé ce problème dans un article dédié, que nous vous invitons à consulter pour plus d'informations. En résumé, l'écran souffre non seulement d'un contraste limité typique des écrans IPS, mais aussi de couleurs largement sous-saturées. De plus, une dérive notable vers le bleu contribue à produire une image froide et délavée, bien en-deçà des standards attendus pour les jeux actuels, malgré les capacités graphiques avancées du processeur du Steam Deck, que nous aborderons plus loin.
De plus, cette faiblesse ne peut être justifiée même en considérant les besoins des joueurs compétitifs. La réactivité de l'écran est assez moyenne avec une rémanence de 20 ms, ce qui engendre des effets de traînée perceptibles lors des jeux rapides.
Enfin, la lisibilité en plein soleil est satisfaisante. La luminosité maximale de 577 cd/m², bien que non exceptionnelle, est confortable, tout comme le niveau de réflexion mesuré à 48 % sur notre modèle de 256 Go. Il est à noter que ce dernier est équipé d'un revêtement en verre standard, tout comme le modèle 64 Go. Le modèle 512 Go, quant à lui, bénéficie d'un revêtement en verre micro-texturé anti-reflet, mais utilise la même dalle que les autres variantes.
Audio
Le Steam Deck est équipé de deux haut-parleurs frontaux de taille assez généreuse. Ils offrent une puissance considérable et créent une image stéréo surprenamment large.
Cependant, sur d'autres aspects, leur performance est nettement moins satisfaisante. Les basses sont particulièrement limitées, même pour des haut-parleurs d'appareil mobile ; leur fréquence de coupure à 125 Hz est moins bonne, par exemple, que celle des haut-parleurs déjà basiques de la Switch Oled (100 Hz). De plus, le son produit est affecté par une distorsion harmonique notable, due à une transmission significative des vibrations au châssis en plastique de la machine. Cela se traduit par une sonorité plutôt criarde et déséquilibrée.
Pour profiter pleinement des paysages sonores des jeux, et pour masquer le bruit du ventilateur comme nous le verrons plus loin, il est fortement recommandé d'utiliser un casque audio. Le Steam Deck permet la connexion de casques ou d'écouteurs Bluetooth, mais l'utilisation de la sortie mini-jack est vivement recommandée. Cela permet d'éviter toute latence dans la transmission audio et offre un signal d'une qualité exceptionnelle.
Le niveau de bruit de fond reste bien en dessous du seuil d'audibilité, malgré la puissance élevée et la capacité de courant généreuse des haut-parleurs. La sortie casque peut alimenter sans difficulté même les casques monitoring ou hi-fi à très haute impédance, sans compromis sur la dynamique et la réactivité des transitoires. Enfin, la séparation stéréophonique est impeccable.
Jeux et performances
La caractéristique principale du Steam Deck réside bien sûr dans sa puce centrale AMD Van Gogh, qui incarne la promesse la plus excitante de cette machine : la capacité de faire fonctionner la plupart des jeux PC actuels, y compris les titres "AAA" les plus exigeants, dans des conditions acceptables sur un appareil portable. Et il faut dire que les performances en jeu obtenues sont véritablement exceptionnelles pour une machine de cette catégorie.
Bien entendu, la modeste résolution de l'écran contribue grandement à alléger la charge de travail du GPU. Il est également important de rester pragmatique dans le choix des paramètres graphiques : dépasser le niveau moyen n'est souvent pas judicieux, car les différences visuelles avec les réglages supérieurs sont minimes sur un si petit écran.
Le Steam Deck offre à ses utilisateurs tous les outils nécessaires pour ajuster à leur convenance les réglages et les performances des jeux. Il propose notamment une option de verrouillage du framerate à 30 images par seconde au niveau du système, facilement activable ou désactivable en quelques clics. Cette fonction est idéale pour maintenir une cadence d'images stable et pour optimiser autant que possible l'autonomie de la batterie — un point sur lequel nous reviendrons. Cependant, il faut noter que cette option peut avoir un inconvénient : sur certains jeux, elle entraîne une augmentation significative du temps de latence d'entrée, rendant les contrôles assez désagréablement lents. C'est notamment le cas sur des jeux comme God of War, où la latence des commandes passe d'environ 80 ms à près de 200 ms lorsque le verrouillage est activé.
En plus de cela, le Steam Deck propose un outil de surveillance des performances en overlay, configurable avec plusieurs niveaux de détail (du simple compteur de FPS instantané à un tableau complet avec courbes de temps de trame, indicateurs d'utilisation pour chaque cœur logique du CPU, consommation électrique de l'APU, etc.). Très pratique, ce moniteur de performances présente néanmoins une limitation à l'heure actuelle : l'indicateur d'utilisation du GPU n'est pas très informatif, car il affiche presque toujours 100 % — probablement en raison de la gestion de la fréquence d'horloge des unités RDNA 2. On espère que cette méthode de calcul sera ajustée à l'avenir pour fournir des données plus pertinentes.
